Parution
«La pénétration espagnole dans les côtes du Sahara marocain 1860-1934»
Publié le : 17.10.2008 | 09h38
Par : Abdallah Darkaoui
"La pénétration espagnole dans les côtes du Sahara marocain 1860-1934" est l'intitulé d'une étude parue récemment dans la série ‘thèses', éditée par l'Institut des études africaines (IEA), dont l'auteur est le chercheur Noureddine Belhaddad.
Il se dégage de la préface, que l'ouvrage produit, à travers une relation et une analyse rigoureuse des faits historiques et de documents authentiques, les preuves attestant de la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud, en mettant à nu les prétentions fallacieuses et les informations mensongères des ennemis de l'unité territoriale du Royaume.
"Les informations apportées dans cette étude ont été puisées dans des documents officiels", indique l'auteur, ajoutant que "ces sources écrites ont été enrichies par des visites de terrain pour observer, de près, le mode de vie des tribus sahraouies...et s'assurer de l'authenticité des informations mentionnées dans les écrits étrangers".
A cet égard, le chercheur affirme s'être arrêté sur "des archives makhzéniennes fort intéressantes, contenues dans la bibiothèque Hassania à Rabat, tout en faisant état du refus des responsables espagnols de fournir des documents historiques conservés dans leur ministère des Affaires étrangères, ce qui l'a poussé à se tourner vers la France pour se documenter, notamment auprès du Quai d'Orsay et des archives diplomatiques de la ville de Nantes, sachant qu'à la fin du 19e siècle, le littoral marocain était aussi l'objet de convoitises françaises.
S'agissant du choix de l'intervalle 1860-1934, l'auteur relève qu'il lui a été dicté "par l'importance des événements qui ont marqué cette période", la première date étant celle où le Makhzen, suite à la défaite de son armée à la guerre de Tétouan, autorisa les Espagnols à s'installer sur des parcelles de son Sahara, tandis que l'année 1934 marque la date d'une trêve dans la résistance des tribus sahraouies, à court de munitions face à la colonisation française et espagnole.
La situation géographique de la région et le mode de vie des tribus sahraouies forment la première des cinq parties de l'étude, qui a également traité des potentialités naturelles de cette région. Ce premier volet se veut une introduction pour comprendre la mentalité des habitants de la région et leur réaction face aux événements de 1860.
La deuxième partie s'intéresse aux projets expansionnistes des Espagnols dans la région à partir de la fin du 17e siècle jusqu'en 1860, tout en jetant la lumière sur le refus des Sultans du Maroc de toute idée impliquant de renoncer à une parcelle du littoral du Sud. Elle analyse également la position du Makhzen quant à l'occupation anglaise de Tarfaya et ses retombées sur les relations bilatérales.
La troisième partie se rapporte aux premières tentatives espagnoles d'occuper les côtes de la région de Oued Eddahab entre 1884 et 1900 ainsi qu'aux mobiles ayant poussé l'Espagne à s'embarquer dans cette entreprise.
Quant à la quatrième partie, elle est consacrée aux négociations entre la France et l'Espagne et aux accords signés entre 1900 et 1912, afin de délimiter et préciser les sphères d'influence de chacun sur le littoral du Sahara marocain, tout en s'arrêtant en particulier sur la position des autorités marocaines face à ces accords qui menaçaient la souveraineté du Maroc.
Elle traite également des relations du Makhzen avec les composantes de son peuple au Sahara, telles qu'illustrées par les grandes réceptions, qui se déroulaient à Fès ou à Marrakech, à l'intention de délégations des tribus sahraouies conduites par Cheikh Ma Al-Ainaïn, venues soit pour renouveler l'allégeance, soit pour demander au Sultan de leur fournir des armes pour combattre les convoitises de la colonisation au Sahara marocain.
La cinquième et dernière partie est consacrée à la résistance des tribus sahraouies à la pénétration française et espagnole entre 1912 et 1934, l'objectif étant de permettre de comprendre les principales étapes et les retombées de cette résistance sur le cours des événements qu'a connus le Sahara marocain.
Les principales conclusions de ce travail, auquel sont annexés des documents nationaux et étrangers, illustrés de photographies et de cartes relatives au territoire du Sahara marocain, consistent en un cinglant démenti des fausses allégations soutenant, à tort, qu'à la deuxième moitié du 19 e siècle l'autorité du Makhzen ne dépassait pas le fleuve de Drâa. Preuve en est le dahir du Sultan Moulay Hassan Ier, pris en 1879 et portant nomination du Cheikh Ma-Al Ainaïn, Khalifa du Sultan dans les régions de Oued Noune et du Sahara, ce qui confirme que ces régions étaient bel et bien sous la souveraineté du Makhzen avant qu'elles ne soient occupées par les Espagnols.
Parmi ces conclusions, figure aussi l'intérêt porté par la Makhzen marocain aux affaires des tribus sahraouies, comme en témoignent les deux "Harka" du Sultan Hassan Ier en 1882 et 1886. Dans ce cadre, le chercheur s'est basé sur plusieurs correspondances entre le Makhzen et les dirigeants de son armée dans le Sud.