Le fondateur du « GIA » Abdelhak Layada à « El Khabar »
«Je n’appellerai jamais à l’arrêt des violences »
Abdelhak Layada, fondateur du Groupe Islamique Armé et ex Emir, a déclaré qu’il a été condamné à la prison par contumace lui et son fils Adlène sans être entendu, et souligne qu’il ne veut pas condamner les actes terroristes. Dans une interview accordée à El Khabar, dans sa maison située au Sud de la capitale, Abdelhak Layada déclare que le général Khaled Nezzar lui a demandé de lui pardonner, alors que Ouyahia « m’a demandé de prendre soins de ma personne »
El Khabar : La situation sécuritaire connaît une dégradation dangereuse, pensez-vous pouvoir jouer un rôle dans l’arrêt des actes terroristes ?
Layada : Tout citoyen peut jouer un rôle pour mettre fin à la discorde, mais moi, comment voulez-vous que je fasse quelque chose dans ce sens alors que les autorités prononcent un jugement par contumace contre moi et confisquent mon véhicule et elles ont déjà gelé mes fonds.
El Khabar : Quelle lecture faites-vous de la recrudescence des actes terroristes ?
Layada : Cette question doit être posée au ministre de l’intérieur Yazid Zerhouni qui a déclaré qu’il a éliminé les groupes armés et qu’il n’en reste qu’un groupuscule, et il semble, d’après ses déclarations, que les âmes qui tombent quotidiennement sont sans importance.
El Khabar : Pensez-vous que les groupes armés cantonnés, actuellement, dans les montagnes peuvent fragiliser l’Etat à travers les actes terroristes commis ?
Layada : Certainement oui, ils peuvent même changer le système de gouvernance.. Si les autorités pouvaient les éliminer, elles n’auraient pas hésité à le faire, le comble dans tout cela c’est que j’ai remarqué que les groupes armés deviennent de plus en plus forts, car leurs actes terroristes ont touché des institutions sensibles, à l’image du Palais du Gouvernement, le Conseil Constitutionnel et le bâtiment des Nations Unies, alors que reste t-il pour prouver sa force ?
El Khabar : Est-ce que vous pensez que ces actes terroristes sont légitimes ?
Layada : Je ne peux dire ni légitimes ni illégitimes, tout ça est prématuré et je ne suis pas dans une position me permettant d’en parler, car je suis privé de l’exercice de mes droits politiques et il nous est interdit de créer un parti ou de nous présenter aux élections, comme il nous est interdit de former une association caritative et de prêcher dans les mosquées…alors pourquoi m’immiscer dans ces questions ?
El Khabar : Si l’on vous demande de lancer un appel aux membres d’Al Qaida, les incitant à arrêter cette violence, le feriez vous ?
Layada : Je ne le ferai pas, mais si on me demande d’être un intermédiaire entre les deux parties, j’accepterai. Et que voulez-vous que je dise dans cet appel…les appeler à quitter leurs fiefs ? Pour eux, nous ne sommes pas des exemples à suivre sur le plan des droits obtenus, les repentis non plus, donc il n’y a rien qui les encourage à cesser les actes terroristes.
El Khabar : Vous aviez déclaré, dans le passé, que vous aviez gardé des secrets concernant la période où vous résidiez au Maroc, quand vous étiez l’Emir du GIA. Il ne serait pas temps d’en parler ?
Layada : J’ai adressé, depuis trois ans, une lettre au président de la république, lui demandant la permission d’introduire une action en justice contre le Royaume Marocain, et je lui ai adressé, après ma sortie de prison, une autre lettre mais qui est restée sans suite. Je lui ai affirmé, dans les deux lettres, que je voulais ester en justice des responsables Marocains à cause de ce qu’ils m’ont demandé à cette période et les conditions qu’ils ont essayé de m’imposer en contrepartie de ma libération, que j’ai refusée.
El Khabar : Avez-vous rencontré le Général Nezzar après son déplacement au Maroc en 1994 pour vous rapatrier vers l’Algérie ?
Layada : Je l’ai rencontré lors de l’enterrement du Général Ismail Lamari (Septembre 2007) , il m’a accolé et il m’a dit à trois reprise : je vous demande de me pardonner et il m’a dit qu’il était malade tout en arborant une boite de médicaments.
J’ai discuté avec la plupart des officiers supérieurs qui étaient présents à l’enterrement, en l’occurrence le Général Maiza et le Général Cherif Fodil qui m’a invité à lui rendre visite au complexe de Moretti où il résidait avant de décéder.
J’ai rencontré aussi Said Bouteflika qui m’a salué et accolé et on a marché ensemble dans le cimetière, il m’a promis d’informer son frère, le président de la république, sur ma volonté de le rencontrer, et j’attends toujours qu’il tienne sa promesse.
J’ai rencontré également Abdelkader Ben Salah, et je me suis entretenu avec Ouyahia qui m’a demandé de prendre soins de ma personne.