P O E M E
Je pense en sahraoui
Et j'écris en ibérique
Des mots qui ne disent pas tout
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On m'a donné des mots
Des mots aux yeux de chien battu
Des mots gelés qui rèvent de soleil
Une écorce de mots
Qu'aucune sève ne nourrit
Et qui tournent tristement
Dans le manège de mon cerveau
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Touriste perdu sous les voutes d'un souk
Et qui se sent soudain déséspérément seul
Seul en pays étranger
Etranger, mème quand il sourit
Surtout quand il sourit
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Palmier , sentinelle des sables
Seul le "guebli" te donne des frissons
Quand il passe ses doigts brulants
Dans ta chevelure emmélée
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Dites moi, quel jardinier fou irait greffer
Un olivier sur un oranger
Mème si leurs fleurs sont également blanches
Mème si elles chantent le mème printemps
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Et quel mauvais génie pourrait unir
Un captif sahraoui avec un geolier allaoui
Mème s'ils vénèrent le mème Dieu éternel
Mème s'ils se proternent vers la mème kaaba
Pour une mème Qabla
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A vous qui n'avez privé
Du pollen de nos cent fleurs nationales
A vous qui avez fait de moi un palmier stérile
Evité des abeilles
A vous qui me contraignez
Quand le silence me noue la gorge
A m'adresser à vous
Quand je voudrait tout d'abord et avant tout
Parler aux miens
Je vous renvoie les mots que vous m'avez appris
Voyez, ils meurent aussitot écrits
Comme l'abeille aprés la piqure
Comme la bulle que l'enfant envoie vers le ciel
J'appuie en vain sur la gachette
Ne vous étonnez pas
Vous m'avez fourni de la poudre mouillée.
Boualem Khalfa
(réarangé par Mohamed)