Le "polisario" dans un état de délitement avancé qui en fait une menace sérieuse pour la stabilité régionale (rapport)
Bruxelles, 08/10/08- "Le Front Polisario" se trouve aujourd'hui dans un état de délitement avancé qui en fait une menace sérieuse pour la stabilité régionale, souligne un rapport du Centre européen d'intelligence stratégique et de sécurité (ESISC) publié mardi.
Le rapport de ce centre basé à Bruxelles, qui fait état du rapprochement de certains éléments du "polisario" avec le terrorisme islamiste, explique que "le développement de l'idéologie salafiste dans la région, symbolisée par l'organisation Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et l'usure de plus de trente années d'une lutte vaine ont facilité le rapprochement de la frange la plus jeune du polisario vers des mouvances radicales".
Ce rapprochement, précise le rapport, s'est malheureusement concrétisé par des contacts entre des membres du mouvement et des terroristes du Groupe islamique armé algérien (GIA).
Le "polisario" est devenu un des principaux bassins de recrutement de l'AQMI, indique l'ESISC, soulignant que "la démobilisation et l'imprégnation par l'idéologie salafiste d'une partie des troupes du polisario constituent en effet une aubaine pour une organisation comme l'AQMI qui a un important besoin de recruter de nouveaux combattants".
Le rapport explique le lien de complémentarité entre le polisario et l'organisation terroriste AQMI par le besoin de cette dernière de "relais locaux et la nécessité pour ce mouvement séparatiste de profiter de l'appui financier et d'un renouveau idéologique apporté par l'islamisme radical lui permettant de remobiliser une base lassée par trente-cinq ans de promesses non tenues".
L'ESISC met en garde, par ailleurs, contre le grand banditisme et le crime organisé transfrontalier comme un autre risque de dérive vers lequel le "polisario" peut pencher. Il s'agit, précise-t-il, d'un "autre risque directement lié à la perte de vitesse et à la faillite idéologique du polisario conforté par l'extrême pauvreté qui règne dans les camps de Tindouf et le recul de l'adhésion populaire à ce mouvement séparatiste qui a favorisé le développement de la criminalité".
Outre les facteurs internes au polisario, l'impunité qui existe dans la zone subsaharienne a favorisé le développement de trafics en tout genre (drogue, trafic d'êtres humains, détournement de l'aide humanitaire), de la même façon qu'il a contribué à la propagation du terrorisme dans la région, poursuit le rapport.
Au sujet du détournement de l'aide humanitaire, l'ESISC souligne que le "polisario" dispose d'un lourd passif en la matière, ajoutant que "le différentiel entre le nombre réel des populations de Tindouf et les chiffres avancés par le polisario constitue la base de ce détournement".
Le rapport ajoute que "la poursuite de la déstructuration du Front Polisario observée ces dernières années n'a pas permis d'enrayer la tendance du détournement des aides internationales, bien au contraire".
L'ESISC fait état également de la détérioration de la situation des droits de l'homme dans les camps de Tindouf, rappelant les rapports des organisations internationales qui ont dénoncé les traitements affligeants que les séparatistes font subir aux populations.
Evoquant les négociations entre les parties pour le règlement de la question du Sahara, le rapport relève que "l'excès de réactions du polisario autorise par lui-même à émettre de sérieux doutes sur la volonté réelle des séparatistes de s'impliquer de manière constructive" dans ce processus.
L'attitude du polisario, note le rapport, a permis de mettre en évidence, une nouvelle fois, "le manque de démocratie interne dont il souffre", ajoutant que "plusieurs groupes d'opposition se sont en effet exprimés pour dénoncer le manque de légitimité de la direction du polisario".
Le rapport met, par ailleurs, en évidence les relations du "polisario" avec l'Algérie "son soutien le plus appuyé qui a su instrumentaliser le conflit du Sahara occidental pour chercher à déstabiliser le Maroc", ajoutant que ce soutien "répond également aux objectifs stratégiques d'Alger au Maghreb".
Et l'ESISC d'ajouter que "le maintien d'une situation de conflit permet à l'armée algérienne de conserver un rôle prépondérant dans les affaires du pays".
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