Après les Etats-Unis, c'est au tour de l'Espagne d'exprimer sa confiance à Peter van Walsum, représentant personnel au Sahara du secrétaire général des Nations unies et chargé de conduire le processus de règlement entre le Maroc d'une part, le polisario et l'Algérie d'autre part.
Le diplomate reçoit aujourd'hui une sorte de reconnaissance officielle, qui plus est directement des gouvernements et des Etats, quelques semaines seulement après que le Conseil de sécurité et notamment M. Ban Ki-moon lui aient manifesté leur soutien. Le soutien espagnol réaffirmé à Peter van Walsum est significatif.
D'autant plus que l'Espagne a constamment appelé, par le biais de son président de gouvernement, de son ministre des Affaires étrangères, voire du Roi Juan Carlos, à la mise en œuvre d'une solution négociée, acceptable par toutes les parties et surtout dans le cadre des Nations unies.
Ensuite, et ce n'est pas un simple tropisme, l'Espagne était ce que l'on a appelé pendant longtemps «la puissance administrante du Sahara» de 1930 à 1975, celle qui a signé l'accord de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie le 14 novembre 1975, rétrocédant ainsi le territoire occupé au Maroc.
Cependant, au-delà de ces événements, il convient de souligner que la proximité avec le Maroc et d'une manière générale avec le Maghreb, incline Madrid à une vision de voisinage nouvelle, à reconfigurer sa diplomatie dans la région du sud dans un nouveau cadre et, ce faisant, à favoriser toute solution politique au Sahara.
L'Espagne, par ailleurs, est solidaire de la position majoritaire au sein des Nations unies qui en appellent à un règlement juste et définitif, réaliste et substantiel. Elle appuie le processus engagé par le Conseil de sécurité, et avec la France joue même le rôle de chef de file au sein de l'Union européenne.
Pour avoir ensuite assisté à plusieurs tentatives avortées de règlement du problème du Sahara, pour avoir mesuré qu'il n'est d'autre voie réaliste que celle de la négociation et de l'autonomie la plus large-qu'elle applique elle-même au niveau des «régions autonomes» qui fondent son système démocratique-, pour avoir enfin assisté à l'épuisement auquel sont parvenus tous les efforts des uns et des autres (Plans Baker, pseudo-recensement, caducité du référendum que l'Algérie a combattu après l'avoir réclamé), l'Espagne investit beaucoup d'espoir dans l'ultime solution qu'est à présent l'autonomie proposée, défendue par le Maroc et encouragée par la communauté mondiale.
Voici un conflit qui dure depuis trente-trois ans, qui a épuisé des trésors d'initiatives, de lourds investissements, notamment pour le Maroc, qui n'en finit pas d'interpeller la communauté mondiale, parce qu'il dévoile l'expansionnisme des gouvernements algériens qui, depuis 1962 et hormis le bref passage de feu Mohamed Boudiaf assassiné pour sa vision conciliatrice, se sont succédé et ne se sont jamais fait à l'idée que le Sahara n'a jamais été qu'une terre marocaine depuis la nuit des temps.
Mieux : le Maroc procède du Sahara et beaucoup de ses souverains en proviennent. Pourtant, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, transcendant de telles dimensions, a anticipé sur l'avenir et a proposé un projet novateur, celui de l'autonomie large et démocratique. Les Nations unies, les grandes puissances en mesurent la portée et le soutiennent. Dans leur logique, ils apportent leur appui à Peter van Walsum qui, à sa manière, incarne le chemin vers la paix introuvable.
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