Devant le mécontentement social grandissant, le pouvoir algérien semble dépassé et réduit à adopter des « ficelles » dérisoires. « Avec des brigades de répression du banditisme (BRB) pour lutter « en amont » contre les harraga et des unités anti-émeutes contre des enseignants vacataires qui demandent leur intégration, l’Algérie donne l’impression d’un pays qui marche sur la tête », note un confrère, dans un éditorial.
L’image n’est pas exagérée. Les autorités s’en prennent bien au thermomètre qu’ils veulent casser pour tenter de baisser la fièvre sociale.
Face à cet incommensurable malaise social qui frappe la jeunesse algérienne, tentée de rejoindre de nouveaux horizons par les moyens les plus périlleux, la réponse des autorités est sécuritaire et pénale.
Cela donne des « ficelles grossières ». ainsi, des brigades spéciales ont récemment participé à l’est du pays au « démantèlement » d’ateliers de… menuiserie servant à la fabrication d’embarcations de fortune destinées aux harraga !
Dans le même temps, la justice invente le délit de « tentative d’émigration clandestine », même contre des jeunes arrêtés dans les eaux territoriales nationales. Plus de 700 Algériens candidats à l’émigration ont été arrêtés au premier semestre 2008. Près de 1500 interceptés en 2007, contre 1000 en 2006.
La prison et les courses poursuites en haute mer ne régleront rien, en réalité, et les chiffres expriment plutôt l’aggravation de la situation.
La réponse judiciaire à ce phénomène, en dehors d’un véritable plan Marshall en direction des jeunes, participe d’un aveuglement politique total en direction d’une frange de la population qui, en définitive, ne fait qu’exercer à sa manière et avec ses moyens le principe de la « libre circulation ». Car, en vérité, rien ne sépare, dans le fond, le harrag, qui peut être un fonctionnaire ou un universitaire prenant la mer au péril de sa vie, du détenteur d’un billet d’avion et d’un visa qui part avec la détermination d’annuler la partie retour de son voyage.
Au même moment, le gouvernement renforce le dispositif de police pour empêcher les enseignants de manifester, refusant de faire sortir de la précarité les 45 000 vacataires dont beaucoup n’ont pas perçu leur salaire de misère depuis trois ans.
L’Exécutif précédent n’avait pas fait mieux lorsque 12 syndicats autonomes avaient organisé une action à Alger au début de l’année, alors que l’ex-chef de gouvernement s’était déplacé en Espagne pour assister à une rencontre sur le dialogue des civilisations, ignorant ce que dialogue social veut dire.
D.K. (Source : EW)
http://www.lematindz.net/news/1807-h...r-saffole.html