Les difficultés s’accumulent pour Sonatrach. La société nationale des hydrocarbures fait face depuis quelques jours à une grogne sans précédent de ses travailleurs, notamment ceux des champs pétroliers du Sud, qui exercent leur métier dans des conditions extrêmes. Ils exigent des augmentations de salaires de l’ordre de 60%.
C’est pour eux une façon de réclamer leur part de la rente pétrolière mais pas seulement : comme tous les autres Algériens, ils veulent vivre dignement dans un pays où le pouvoir d’achat a fortement baissé ces dernières années et où l’Etat, officiellement riche, peine à trouver des mécanismes pour redistribuer les richesses. Car si les autres entreprises publiques, très peu performantes, ont de bonnes excuses de refuser d’augmenter leurs salariés, Sonatrach peut difficilement expliquer son refus d’accorder d’importantes augmentations surtout que la société nationale des hydrocarbures n’hésite pas à faire étalage de sa richesse aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
En effet, contre toute logique économique, Sonatrach s’autorise le luxe d’acquérir des méthaniers pour plusieurs centaines de millions de dollars. Elle vient d’investir plus de 500 millions de dollars dans la construction d’un complexe luxueux à Oran pour accueillir le LNG 16, un événement sans réel intérêt stratégique pour la compagnie et encore moins pour l’Algérie. Tous les ans, Sonatrach investit une moyenne de 18 milliards de dollars, un chiffre jamais rendu public officiellement. Des sommes dépensées dans une quasi-opacité : la société, véritable Etat dans l’Etat, ne subit aucun contrôle.[/b]
Depuis quelques années, Sonatrach s’est lancée dans une politique de diversification tous azimuts : aluminium, transport aérien, ciment, développement à l’international…. Cette politique se fait au détriment du cœur de métier de la société, les hydrocarbures. Résultat : le manque d’investissements dans le gaz par exemple fait perdre virtuellement à l’Algérie plusieurs milliards de dollars par an,. Ces «pertes» sont le résultat de l’incapacité de Sonatrach à répondre favorablement aux nombreuses demandes d’approvisionnement émanant de l’étranger dont le dernier exemple en date est l’Allemagne.
En interne, le management de l’entreprise est de plus en plus contesté par les cadres et les salariés. [b]Les partenaires étrangers de Sonatrach se plaignent régulièrement de la lenteur des décisions, voire parfois de l’absence de décisions. Chakib Khelil continue de tout contrôler à distance. Dès 2003, il a mis à l’écart tous les vice-présidents de Sonatrach, issue d’une génération bien formée et compétente, au profit d’une « nouvelle génération » jugée peu expérimentée et surtout peu compétente. A titre d’exemple, l’actuel patron de la division production était un simple cadre de la société, sans aucune expérience dans le management, avant sa nomination à ce poste. Or, la production est considérée comme l’activité la plus sensible et la plus stratégique au sein de Sonatrach.
Aujourd’hui, les hauts responsables de Sonatrach, quand ils ne sont pas jugés « incompétents », prennent rarement des décisions.De hauts cadres de la compagnie auraient été inquiétés pour avoir pris des décisions et engagé des projets. Résultat : peu de cadres acceptent de siéger dans les commissions d’attributions des marchés. Comme le montre la cacophonie qui entoure l’attribution le 12 juillet, puis le retrait hier du contrat de GNL à Petrofac, Sonatrach vit une vraie situation de malaise.
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